Yves Simon est l'invité exceptionnel du Mag

Des Vosges où il a grandi, en passant par Nancy où il a étudié, Yves Simon se raconte. Rencontre avec un rêveur éveillé.
Jean-Marc TOUSSAINT - 02 nov. 2018 à 16:00 - Temps de lecture :
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Depuis plus de quarante ans, Yves Simon écrit l’amour. Sur tous les tons, de pages en chansons, en résistant à l’érosion de l’éphémère passion des hommes. Il est hors mode, et toujours dedans : un pied dans les seventies, l’autre à arpenter son temps pour y déceler ce que cette terre nous a donné de meilleur.

Cette rage de rêver et d’aimer, il l’a nourrie d’un minéral enivrant, aux sources de Contrexéville (88). Nous sommes au début des années 1950. Son père est cheminot. Sa mère, serveuse à l’hôtel de Lorraine. Premiers souvenirs d’enfant unique : une boîte de Meccano, les parfums d’une grand-mère, des rêves d’ébénisterie et de voyages. Sans oublier la musique, qui le ravit. À 9 ans, il se met l’accordéon, « parce que les cours de piano sont trop chers ». Le genre de petites vexations enfantines qui vous font regarder l’existence autrement. Pour ses 13 ans, il reçoit sa première guitare, une espagnole à large manche, fabriquée à Mirecourt. Deux ans plus tard, il crée son groupe, les Korrigans (des lutins de la mythologie celte) avec un répertoire inspiré par Dylan, les Beatles, Gainsbourg, et les Shadows.

Une vie en images

Le bac en poche, il s’engage dans des études de lettres à la faculté de Nancy, avant de poursuivre à la Sorbonne. Aux heures creuses, il compose, barbouille des ébauches de scénarios, noircit des pages de poèmes et de dessins.

En 1965, premier déclic. Il participe au « Jeu de la chance, » une sorte de Star Academy préhistorique animée par Roger Lanzac. Devant la France entière, il chante « La maison de mon père » et décroche le premier prix. S’en suivent deux albums qui restent dans l’anonymat, ce qui l’incite à quitter à Paris.

 "Au pays des merveilles de Juliet" l’envoie au sommet du hit-parade

Sur les traces de Kerouac, son maître voyageur, il part « apprendre l’usage du monde ». Sac au dos, il découvre les États-Unis, l’Asie, se nourrit de cultures métissées. Durant son périple, il lit Le Clézio. Deuxième déclic. Porté par le flux du langage, par la joie d’affronter les mots, Yves Simon publie en 1971 son premier roman, « Les jours en couleurs », suivi d’un second, « L’homme arc-en-ciel ». Tout s’enchaîne très vite. L’année suivante, il compose « Les gauloises bleues », un tube aux accents gainsbouriens qui le propulse sur la scène de Bobino en première partie de Brassens, puis de Brel au casino de Vittel.

Dans la foulée, il écrit son troisième roman, un scénario de film tourné avec Juliet Berto, qui lui inspire une chanson culte. « Au pays des merveilles de Juliet » l’envoie au sommet du hit-parade, devant « Angie » des Stones.

"Au pays des merveilles de Juliet"

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Dès lors, sa vie bascule. Son filet de voix prend du volume. La notoriété l’étreint. Sa musique s’affine. Le folk classique des débuts se transforme en un rock aux rythmes raffinés. Yves Simon enchaîne albums et tournées, sans jamais relever la tête, grisé par les disques d’or du succès.

"Ça me plaît que mes chansons passent le temps"

Éreinté par cinq années de nomadisme scénique, il décide, en 1977, de se poser, pour se « préserver de l’aliénation de la société du spectacle » et finit par renoncer à la scène. Il se réserve pour l’écriture, la composition. Ses succès deviennent littéraires : « Le voyageur magnifique » prix des libraires en 1988, « La dérive des sentiments », prix Médicis 1991. Puis il revient à la chanson en 1999, et à la scène en 2007. Douze romans et douze albums plus tard, il se nourrit toujours du chant de la pensée, portée par une liberté qui règne en maîtresse de jeu dans son quotidien. On aurait pu l’oublier. C’était sans compter sur la nouvelle scène française, les Soko, Mondoid, Christine and the Queens, Clou, Juliette Armanet et consorts qui viennent de sortir « Générations éperdues », un album qui revisite et dépoussière l’œuvre d’Yves Simon. « Ça m’a sorti de ma torpeur, de ma dépression, ils m’ont ressuscité. Ça me plaît que mes chansons passent le temps », admet l’artiste.

Yves Simon réponds aux questions du Mag

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Les connaisseurs noteront au passage quelques clins d’œil savoureux. La fille de Le Clezio chante avec Juniors « Les héros de Barbés ». Le dernier rejeton de John Lennon, Sean, joue un solo de guitare sur « Diabolo Menthe », et enfin le dernier titre de l’album, « Great Canyon », extrait d’une vieille bande magnétique de 1960, a été interprété dans les Vosges par The Korrigans. C’était la première chanson écrite par Yves Simon. Une manière de boucler la boucle et de revenir aux sources. « Mais ça ne veut pas dire que je vais m’arrêter là », anticipe l’artiste, qui nourrit moult projets. À commencer par la sortie d’une autobiographie en avril prochain qui sera suivie par un nouvel album en 2020.

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La jeune génération chante Yves Simon

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