Hauts-de-Seine : la procureur de Nanterre réclame des recrutements

Lors de l’audience solennelle de rentrée judiciaire, Catherine Denis a dressé un constat préoccupant.

 Nanterre, le 21 janvier 2019. Catherine Denis, procureur de Nanterre, lors de l’audience solennelle de rentrée judiciaire.
Nanterre, le 21 janvier 2019. Catherine Denis, procureur de Nanterre, lors de l’audience solennelle de rentrée judiciaire. LP/Valérie Mahaut

    La manière demeure policée mais le courroux s'entend. Ce lundi, lors de l'audience solennelle de rentrée, la procureur de Nanterre, Catherine Denis, a fermement invité le ministère de la Justice à « prendre des mesures » pour en finir avec « le sous-effectif chronique ».

    A la tête du parquet de Nanterre depuis quatre ans, la procureur assure que « jamais » l'effectif théorique de 36 magistrats n'a été atteint. « J'ai comptabilisé 29 départs, soit 20 % chaque année », détaille-t-elle, soulignant que près de la moitié des magistrats du parquet l'ont quitté pour devenir juge.

    La faute à une charge de travail toujours plus lourde, d'après Catherine Denis pour qui, semble-t-il, la coupe est pleine. « Il est désormais urgent pour le ministère d'agir. Le temps de la réflexion est largement dépassé, il convient d'entrer dans celui de l'action. »

    L'allongement des délais de procédure est une conséquence directe du manque d'effectifs, selon la procureur. Mais, évoquant la fronde contre les box sécurisés dans les salles d'audience, la protestation contre les réformes de la justice, Catherine Denis n'oublie pas de rappeler les « mouvements de protestation multiples alimentés notamment par les barreaux », qui ont « engendré des renvois et une désorganisation des audiences ».

    Stupéfiants, violence urbaine et délinquance financière

    La présidente du tribunal, Catherine Pautrat, dresse le même constat en attribuant en partie « la diminution des capacités de jugement » aux renvois de procès sollicités « à l'occasion des mouvements du barreau pendant plusieurs semaines ».

    Là encore, les postes non pourvus sont la cause principale des difficultés du tribunal. D'autant que l'activité a augmenté en 2018, tant à l'instruction que pour les juges des enfants en particulier. « En raison notamment de la prise en charge des mineurs isolés dont le nombre augmente dans les Hauts-de-Seine. » (lire en page une)

    Catherine Pautrat (au centre), présidente du tribunal de grande instance. LP/V.M.
    Catherine Pautrat (au centre), présidente du tribunal de grande instance. LP/V.M. LP/Valérie Mahaut

    Rendez-vous judiciaire imposé, la rentrée solennelle fixe aussi le cap de l'année à venir. Pour ce qui est de la politique pénale, pas de surprise : trafics de stupéfiants et violences urbaines demeurent « des problématiques essentielles », souligne Catherine Denis.

    De même que la délinquance économique et financière. En 2018, le parquet a ouvert 85 informations judiciaires dans ce type d'affaires, soit 81 % de plus que l'an passé. Et « resserre les liens avec l'administration fiscale » pour s'attaquer plus encore à la fraude.

    2019 sera aussi l'année de l'ouverture d'un centre de semi-liberté de 92 places à Nanterre, dont la procureur et la présidente se félicitent.