Tricothérapie : pourquoi tricoter nous fait du bien ?

Publié le par Jasmine SaunierNos expertes : Mélissa Fantone, psychologue clinicienne et tricoteuse & Agnès Verroust, psychologue clinicienne & Morgane Mathieu, designer tricot, animatrice de la page Instagram "Trust The Mojo" & Gaëlle Riou, ergothérapeute & Lise Tailor créatrice et animatrice du site “Lise Tailor” & Aurélie Tixier créatrice, animatrice de la page Instagram "Une poule à petits pas"

Le tricot connaît un véritable boom ces dernières années. On redécouvre le plaisir de créer des pièces DIY personnalisées, mais aussi ses bienfaits sur le moral. Bonne nouvelle : apprendre à tricoter n’est pas si compliqué !

Tricoter est excellent pour notre garde-robe, mais c’est aussi une activité bénéfique qui réjouit et allège la tête ! 81 % des tricoteurs se sentent plus heureux après une séance, d’après une étude publiée dans la revue The Journal of Occupational Therapy. Retour sur une activité qui a le vent en poupe. 

Quels sont les bienfaits du tricot sur notre moral ?

Le tricot fait des émules chez les jeunes générations. Et pour cause.

Le tricot permet favorise la méditation

Le tricot est une suite de petits gestes tranquilles et répétitifs. Nombreux sont ceux qui y voient une parenté avec la méditation. "Tricoter ancre dans l’ici et maintenant", résume la psychologue Agnès Verroust. Le tricot pourrait même ralentir la respiration et apaiser le rythme cardiaque. Gaëlle Riou, ergothérapeute, a observé ces résultats sur l’anxiété : "Des patients en service de psychiatrie qui participaient à mon atelier de tricot ont réduit leur consommation d’anxiolytiques", atteste-t-elle.

Tricoter permet de renouer avec le sensoriel

Tricoter ramène l’esprit au corps. Le bruit des aiguilles, la douceur des pelotes et les jolies couleurs constituent de menus plaisirs sensoriels dont on connaît aujourd’hui l’importance pour se sentir bien au quotidien. Ces sensations positives peuvent être renforcées par le souvenir apaisant d’une mère ou d’une grand-mère qui tricotait.

Le tricot permet de se vider la tête

Quand on débute, enchaîner les mailles réclame une telle concentration qu’il ne reste aucune place pour ressasser ses problèmes. Les tricoteurs un peu plus aguerris peuvent écouter de la musique ou discuter. Cela contribue à faire taire le monologue intérieur. Une étude canadienne a montré que cet effet fonctionnait même chez des personnes souffrant de pensées obsessionnelles.

Tricoter améliore l’estime de soi

Voir naître un objet sous ses doigts procure de la fierté. "Tricoter nous prouve que l’on est capable de créer quelque chose de beau, explique Agnès Verroust, et de maîtriser un geste qui nous semblait difficile." On se sent encore plus valorisé quand l’ouvrage est apprécié par d’autres. "En particulier des personnes qui tricotent, précise la psychologue, et qui savent évaluer le travail terminé."

Le tricot stimule le cerveau

Certains le jugent ennuyeux, mais c’est mal le connaître. Le tricot active le cerveau d’une façon très globale, des aires motrices aux aires sensorielles, en passant par la mémoire ou la planification. "Tricoter est très stimulant, affirme la psychologue et tricoteuse Mélissa Fantone. On mobilise très vite des compétences en mathématique, des capacités de visualisation en 3D, et on est en train d’apprendre de nouvelles techniques." C’est d’ailleurs ce qui rend la pratique amusante !

Comment apprendre à tricoter ?

On peut apprendre de multiples manières, l’essentiel étant de respecter son rythme pour conserver intacte l’envie de tricoter.

Se faire plaisir avec un projet motivant

Les premières sessions peuvent être consacrées à l’apprentissage sur un "brouillon", mais il est important de passer rapidement à un projet qui nous plaît. "Quand on donne des cours, on s’aperçoit que la technique de base peut venir en 1 heure, et les progrès sont ensuite très rapides", témoigne Morgane Mathieu, designer tricot.

Il est possible de se lancer dès que l’on a compris le montage des mailles et le point de base. On entend souvent qu’il faut débuter par une écharpe au point mousse. Ce n’est toutefois pas un passage obligé. "L’écharpe peut s’avérer longue et répétitive, note Lise Tailor, également créatrice. Je recommanderais plutôt de débuter par un petit projet plus amusant, comme un col ou un bonnet."

Les grandes bases du tricot pour débutant.e

On trouve de nombreuses explications dans des livres ou sur internet, aussi bien sous forme de schémas que de vidéos. Un terme nous échappe ? Il existe forcément sa définition et une vidéo explicative sur Youtube. Quelques techniques suffisent pour commencer.

  • Monter ses mailles consiste à créer le premier rang sur l’aiguille.
  • Le point mousse est une succession de "mailles endroit", mailles de base. Il forme un motif de petites vaguelettes.
  • Changer de pelote est indispensable, car presque tous les modèles en nécessitent plusieurs.
  • Rabattre ses mailles permet de terminer le tricot et d’enlever les aiguilles.

Se procurer le bon matériel de tricot

On l’achète en fonction du projet, et non l’inverse !

  • Les aiguilles sont en métal, en plastique ou en bambou. "Ces dernières sont bien pour débuter, estime Lise Tailor. Si la laine glisse moins bien sur des aiguilles en plastique, le problème inverse peut se produire avec les aiguilles en métal." Le métal garde cependant la préférence des tricoteuses aguerries. Les aiguilles 5 ou 6 sont les plus faciles à manier, grâce à leur taille intermédiaire.
  • La laine : l’alpaga est un fil doux et solide, et le baby alpaga est un bon choix pour ceux qui ne supportent pas le contact des pulls sur la peau. Le mérinos est aussi très doux, mais plus fragile. Moins onéreuses, les laines contenant des fibres synthétiques présentent aussi l’avantage de pouvoir être lavées facilement en machine. Pour Morgane Mathieu, mieux vaut éviter les mohairs et préférer les couleurs claires et unies. "Les fils poilus et les couleurs sombres compliquent beaucoup le comptage des points et des rangs", note-t-elle.
  • Les kits sont très pratiques. Ils contiennent la laine, les explications et les aiguilles. Il en existe de nombreux adaptés aux débutants.

Aiguilles : choisir la méthode adaptée

Si les aiguilles droites sont encore souvent la règle pour apprendre, la plupart des nouveaux modèles se tricotent sur des aiguilles circulaires. Cette technique peut être utilisée pour n’importe quel projet, mais elle permet surtout de réaliser des pulls d’une seule traite, sans couture.

Certaines spécialistes, comme Lise Tailor, recommandent d’apprendre directement avec cette méthode. Aurélie Tixier, elle aussi créatrice et tricoteuse chevronnée, ne pratique plus qu’avec des aiguilles circulaires : "La maille est la même, seul le maniement est un peu différent." Travailler avec des aiguilles circulaires permet aussi de mieux répartir le poids du tricot. "Cela soulage nettement les coudes et les épaules quand on tricote beaucoup", précise-t-elle.

Cultiver la patience

On loupe des mailles, on fait quelques trous, et c’est normal. Apprendre à tricoter demande de s’accorder du temps et de se manifester de la bienveillance, deux choses dont on n’a souvent pas l’habitude, mais qui nous font le plus grand bien. "Quelle que soit l’erreur, on doit aussi garder en tête que rien n’est irrattrapable", rassure LiseTailor. Il est toujours possible de demander de l’aide dans un club, un café-tricot, une voisine, ou même à la gérante d’une boutique de laine.

Bien terminer son tricot

Le tricot tout juste terminé est souvent déformé par rapport au rendu définitif. Il est nécessaire de le passer sous l’eau froide pour le "bloquer", mais pas glacée pour ne pas risquer de feutrer la laine. On l’essore ensuite très doucement, puis on le pose à plat sur une serviette où on lui donne la bonne forme. On le laisse enfin sécher.

S’y mettre à plusieurs

Ces dernières années ont vu fleurir les cafés-tricot, apéros-tricot, salons de thé ou clubs. Ils réunissent des tricoteuses de différents niveaux, dans une ambiance chaleureuse où tout le monde s’entraide en discutant. Ce sont des lieux de partage et de transmission qui permettent d’apprendre et de progresser avec plaisir, car tricoter crée aussi du lien.

Sites, pages Insta, chaînes Youtube : notre sélection pour se lancer dans le tricot

Les amoureux du tricot s’affichent désormais en nombre sur les réseaux sociaux. De nouvelles marques proposent des modèles plus attirants les uns que les autres, et les enseignes traditionnelles renouvellent leur style.

Ravelry, le réseau de tricot incontournable

Ravelry abrite la plus importante communauté de tricoteurs du monde entier. Ils y partagent leurs réalisations, des conseils et de très nombreux patrons gratuits.

Les meilleurs sites et comptes Instagram de tricoteuses :

On y trouve de l’inspiration, des astuces et des modèles à télécharger à petit prix.

Les meilleures chaînes de tutos tricot sur Youtube :

Nos bonnes adresses tricot :

Boutiques réelles ou en ligne, elles vendent de la laine et des aiguilles. Elles proposent aussi des modèles de tricot (parfois gratuits), des kits, et aussi souvent des tutoriels.

Trico-thérapie : les conseils lecture de la rédaction

Pour des explications claires et détaillées, on peut débuter avec : 

  • Je me mets au tricot, Lise Tailor. Éd. Eyrolles, 18 € ;
  • La Trico-thérapie, Peace and Wool. Éd. Flammarion, 14,90 € ;
  • Je peux pas, j’ai tricot, Morgane Mathieu. Éd. Dessain et Tolra (Larousse), 16,95 €.

Pour aller plus loin et s’amuser :

  • Les boules de Noël en tricot, Arnes et Carlos. Les Éditions de Saxe, 19,90 € ;
  • La magie du tricot, le livre officiel des tricots Harry Potter, Tanis Gray. Éd. Hachette, 25 €.