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En suivant le parcours de trois frères algériens entre 1945 et 1961, Hors-la-loi raconte une histoire méconnue, celle du FLN et de son action sur le territoire français. Bouchareb a choisi - songeons au titre - le genre du western et du film noir. Dans cette fratrie algérienne du FLN luttant à Paris pour l'indépendance, il y a presque du Bon, la Brute et le Truand, où le bon serait Sami Bouajila, petit saint à lunettes de la révolution, et Roschdy Zem la brute, ex-militaire dressé pour tuer, mais travaillé par le remords. Quant au rôle du truand, il est dévolu à Jamel, proxénète cabaretier reversant, contre son gré, ses bénéfices à la cause algérienne.
Le genre retenu par Bouchareb brouille les pistes, porte à l'exagération, à certaines invraisemblances, voire maladresses. À chaque film historique revient le même débat : est-ce juste du cinéma ? Où s'arrête la responsabilité du cinéaste, son devoir d'exactitude, où commence sa liberté d'artiste ? Rachid Bouchareb, qui ne cache pas sa sympathie pour la révolution algérienne, oscille entre une volonté de faire connaître l'histoire - "Je voulais montrer que cela a existé" - et une envie de septième art : "Il faut se libérer de l'histoire, la voir comme un grand sujet de cinéma. Cinquante ans ont passé, la France n'a plus cette plaie qu'est la guerre d'Algérie." Vraiment ?
Hormis un flic gaulliste compréhensif et une porteuse de valises enamourée, les Français ont le mauvais rôle : confiscation de terres en Algérie, rafle dans les bidonvilles, tortures dans les commissariats, ratonnade à Paris... Le tout concentré en deux heures, avec une comparaison qui risque de faire grincer des dents : les Français sont assimilés aux Allemands quand les Algériens endossent les habits des résistants. Difficile de ne pas sortir de Hors-la-loi avec un sentiment de culpabilité, provoqué déjà par Indigènes de Bouchareb, qui, en filmant le contrechamp maghrébin, appuyait là où cela fait mal dans l'histoire officielle de la France. Dans le même temps, il n'offre pas un tableau idyllique du FLN, loin de là. Bref, voilà un film qui risque de faire débat.